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La Photographie: un clic pour sauver le monde

La photographie n’est pas seulement un art, c’est aussi une arme. Aujourd’hui, elle est au cœur de la lutte environnementale, illustrant de manière poignante les réalités du changement climatique, de la perte de biodiversité, de la pollution, et bien d’autres enjeux écologiques.

La nature, trop souvent reléguée au rang de simple toile de fond, est ici mise en avant pour éveiller les consciences et diffuser largement une information précieuse. Lorsqu’elle est manipulée par des photographes engagés, l’image se transforme en un outil puissant pour suivre l’évolution du monde et dévoiler des réalités parfois brutales. Du domaine de la photographie de nature à l’œuvre des photographes dévoués, nous explorons ici comment la photographie sert l’écologie.

Le Miroir de la nature: la photographie naturaliste

La photographie naturaliste est une photographie dédiée à la beauté de la nature, à la biodiversité et à son évolution. Dès l’apparition de la chambre photographique, la nature a été un sujet d’investigation majeur pour de nombreux photographes. Entre les naturalistes, les explorateurs, les voyageurs amateurs, les photographes plasticiens, tous ont, un jour ou l’autre, plongé dans cet univers incroyablement étonnant que propose les paysages de notre planète et qui recèlent une part de mystère toujours intacte à ce jour.

La Nature, muse des tendances culturelles

La nature est si inspirante qu’elle est même devenue, à ce jour, la thématique culturelle et artistique la plus prisée. Elle s’invite sur les podiums de mode des fashion week, elle participe à la décoration ethnique de nos intérieurs, tapisse nos murs, décline les bambous en abat- jours, en mobilier, et la paille tressée en tapis. Elle va même s’imposer dans les actes fondateurs de la vie comme la cérémonie de mariage.

L'Elopement : l'amour en pleine nature

Passer la bague au doigt, se dire oui en petit comité et dans un cadre hors du commun, un sublime paysage, est aujourd’hui très tendance. Les décors somptueux qu’offre la nature sont devenus le cadre idyllique pour un tel événement. C’est le phénomène de l’Elopement qui signifie littéralement fugue amoureuse ou quitter la maison en secret afin de se marier sans la permission de ses parents.
Que ce soit au sommet d’une montagne enneigée, sur les dunes de sable du Sahara, au sommet d’une colline entourée de balles de foin, les futurs mariés ont envie d’un moment particulier, hors du temps, magique, intime et naturel. Une anticipation du voyage de noces ? Sans doute mais c’est sans oublier le souci de la sobriété économique qui fait aussi partie du package.

Finis les fêtes de mariage dans les salons impersonnels et onéreux, on opte pour la simplicité et les décors uniques que nous offre la nature pour vivre cette expérience en cinémascope. La photographie est évidemment capitale dans cet instant car elle intervient pour immortaliser l’union dans ce décor naturel.

Le travail de @elopementlove en est un superbe exemple.

Développement de l'amour de la photo et de l'écologie
Développement de l'amour de la photo et de l'écologie
Développement de l'amour de la photo et de l'écologie

Une génération nouvelle responsable et militante

Moins anecdotique, l’actualité alarmiste de l’environnement qui s’accélère au fil des ans car les sursauts du climat engendrent chaque année de plus en plus de bouleversements. La nouvelle génération s’inquiète, cherche des solutions innovantes pour ralentir le processus d’irréversibilité et témoigne à sa façon de la beauté encore intacte du monde ou de sa dégradation flagrante. Saluons cette maturité qui porte un regard très aiguisé sur notre environnement.

La présentation du travail sur Instragram de ces jeunes photographes concourt à la diffusion de ces informations et provoque très certainement des prises de conscience. Quelques exemples : le travail sur la faune sauvage de Clarisse de Thoisy, celui de Carolyn Cheng sur les paysages qui deviennent de véritables abstractions ou encore Giancarlo Gallinoro, spécialiste de régions froides et de l’Artic.

Photographie d'un léopard dans un arbre
Clarisse De Thoisy est une photographe aventurière, photojournaliste et protectrice de la nature. Découvrez son interview.
Photographie aérienne d'un lac entouré d'une mine de sel en Australie occidentale
À travers ses vues aériennes de paysages, Carolyn Cheng capture les forces de la nature et de l'homme. Découvrez son interview.
Photographie d'un renard au milieu d'un glacier
Giancarlo est un photographe de nature spécialisé dans les régions arctiques. Découvrez son interview.

Vers un nouveau code de bonne conduite

Aujourd’hui, chaque photographe naturaliste doit avoir une conscience aigüe de son travail d’investigation et de la manière dont il engage sa responsabilité dans chacun de ses actes. Anticiper, assurer sa sécurité, évite par exemple un éventuel déploiement de recherches coûteuses. Prendre en compte ses déplacements à l’empreinte carbone gourmande, renoncer à l’envoi systématique de fichiers numériques lourds, …autant de données qui seront en harmonie avec la volonté de préserver son environnement avant d’envisager d’aller capter la beauté du monde à l’autre bout de la terre.

La recherche de l’exceptionnel doit tout de même être encadrée, c’est pourquoi en 1997, le Nature Group de la Royal Photographic Society a décidé de proposer un cadre de travail, de créer un code que tout photographe éthique doit appliqué. Améliorée en 2007, cette charte de bonne conduite repose sur plusieurs règles :

  • Le bien-être du sujet est plus important que la photographie. La photographie ne doit pas être entreprise si elle met le sujet en danger.
  • La photographie peut être considérée comme une infraction pénale pour certaines espèces
  • Le photographe doit être familier avec l’histoire naturelle du sujet
  • Il est important pour la bonne réputation de la photographie de nature que ses pratiquants respectent les règles de courtoisies habituelles.


Concernant les oiseaux de nid :

  • Les dispositions du Wildlife and Countryside Act 19811 doivent à tout moment doivent être respectées à tout moment
  • Les espèces rares ne doivent être photographiées que dans une zone où elles peuvent être relativement fréquentes

La Photographie : un vecteur de mobilisation pour l'écologie

Tout en étant lucide sur les dommages collatéraux que peut engendrer un tel travail photographique sur la nature, il faut souligner les points extrêmement positifs de cette photographie, engagée pour soutenir la cause de l’écologie : informer et montrer la montée des eaux, la déforestation ou la fonte des glaciers, mettre en lumière les espèces menacées végétales ou animales par la pollution ou la perte de leur habitat naturel afin de favoriser les efforts de conservation et de protection de l’environnement. Dévoiler les actions positives entreprises pour la restauration de la faune, de la flore, ou pour générer moins d’empreinte carbone afin d’inspirer les uns et les autres à faire de même.

Rendre les idées fortes contagieuses et concourir au cercle vertueux. Créer des œuvres artistiques en prise avec l’environnement et sa modification afin qu’elles soient exposées dans les musées ou les galeries, est aussi une manière d’encourager les initiatives personnelles. Le travail photographique, on le voit, peut servir de détonateur dans les changements de comportement et devenir une véritable force mobilisatrice.

Citons en exemple, l’engagement de trois photographes, fondateurs de Climate Heroes, Max Riché, Luke Duggleby et Nicolas Axelrod qui interpellent en image, en vidéo, les plus belles initiatives individuelles qui tentent d’infléchir et de proposer une lecture du monde différente juste par leurs actes quotidiens.

Max Riché pour la photo et l'écologie
©Max Riché
Luke Duggleby pour la photo et l'écologie
©Luke Duggleby
Nicolas Axelrod pour la photo et l'écologie
©Nicolas Axelrod

De la photo à la protection de l’environnement

Le travail des photographes naturalistes, des vagabonds du monde à l’esprit curieux, des reporters, a cette volonté de rendre compte, de transmettre ce que ces femmes ou ces hommes ont sous leurs yeux, de partager leurs émotions ou leurs effrois. Ces images font de ces photographes des êtres engagés. Ils ont cette mission du faire savoir, de dévoiler les ravages de notre consommation, de nos comportements puérils mais aussi de nous prouver que le changement, la bonne attitude, tel le colibri ou le battement d’ailes d’un papillon, peut inverser la spirale destructrice, freiner les appétits et redonner vie à des lieux exsangues.

Des photographes engagés

A l’image du conte de Jean Giono, l’homme qui plantait les arbres, le photographe brésilien Sebastiao Salgado a voulu, à sa manière, œuvrer. Après avoir parcouru le monde des épuisés, des esclaves en tous genre, des affamés des terres arides, l’homme derrière l’objectif, témoin des changements climatiques violents, a décidé de modifier le cours inéluctable d’une vallée au Brésil, celle de son enfance, qui avait subi les affres de la déforestation. En vingt ans, 300 espèces de plantes ont été réintroduites et 2 500 000 arbres ont été replanté, couvrant 95% d’un parc de 700 hectares. L’institut Terra, créé à cet effet, veille désormais sur ces 300 000 sources d’eau !
Instituto Terra pour la photo et l'écologie
Instituto Terra pour la photo et l'écologie
Instituto Terra
Ces photographes ont un discours plus radical à travers leurs images. Ils dénoncent l’urgence écologique. Au côté de Sebastiao Salgado, citons le canadien Edward Burtynski qui dévoilent les paysages transformés par l’extraction de minéraux ; l’espagnol Daniel Beltrà qui soulignent la destruction méthodique de la forêt amazonienne et les américains James Balog avec son travail documentaire sur la fonte des glaces et la montée des eaux ou Chris Jordan dont les images sur les déchets plastiques dans les océans ne laissent pas insensibles.
Edward Burtynski pour la photo et l'écologie
©Edward Burtynski
Edward Burtynski pour la photo et l'écologie
Daniel Bertra pour la photo et l'écologie
Daniel Bertra pour la photo et l'écologie
©Daniel Beltrà
James Balog pour la photo et l'écologie
James Balog pour la photo et l'écologie
©James Balog
James Balog pour la photo et l'écologie
Chris Jordan pour la photo et l'écologie
Chris Jordan pour la photo et l'écologie
©Chris Jordan
Chris Jordan pour la photo et l'écologie

La photographie naturaliste peut-elle peser dans les décisions majeures ?

Avant d’être photographes, ce sont tout d’abord des sensibilités qui s’érigent et qui font entendre leurs voix. Leur langage empruntent aux images plutôt qu’au stylo, ce sont des esprits résistants plus expressifs à travers un cadrage que dans la rhétorique. Grâce à leurs reportages sans concession, réalisés parfois au péril de leur vie, la société civile prend chaque jour la mesure des bouleversements. Il est à espérer qu’en informant ainsi le plus grand nombre, les instances dirigeantes, devant l’ampleur de la clameur populaire, soient obligées de légiférer afin que la protection, la préservation ou la réhabilitation de certains biotopes soient enfin pris au sérieux et suscitent des actes fondateurs.

La Photographie : miroir de la Nature et moteur de changement

La photographie se révèle être bien plus qu’un moyen d’expression artistique : c’est une voie de sensibilisation et un catalyseur d’action. Elle permet de dévoiler la beauté fragile de notre planète, de montrer de manière indéniable les conséquences néfastes de l’action humaine, mais aussi d’inspirer les efforts de conservation et de changement. Les photographes, dans leur rôle de témoins et de conteurs, jouent un rôle clé en capturant des moments qui peuvent susciter l’émerveillement, l’émoi, la prise de conscience et, finalement, la mobilisation.

Ces photographes engagés, par leur travail méticuleux et passionné, nous rappellent que nous sommes tous des acteurs du monde naturel et que nos choix et actions ont un impact direct sur son avenir. Loin d’être de simples spectateurs, nous sommes des acteurs de ce récit, et il est de notre responsabilité de choisir les actions qui favorisent la conservation et la durabilité.

La photographie est un outil puissant pour sauver le monde, non pas en un seul clic, mais image après image, histoire après histoire. Chaque photographie est un rappel de la beauté, de la fragilité et de l’importance de notre monde naturel. Et chaque image est une invitation à agir pour sa protection. En fin de compte, la photographie n’est pas seulement un miroir de la nature, c’est aussi un miroir de nous-mêmes, de nos valeurs et de notre volonté de préserver ce qui est précieux et irremplaçable.

S’il est possible de contribuer à la sauvegarde de la planète d’un simple clic, veillons à ne pas l’endommager par nos autres actions : testez le calculateur d’empreinte photographique.

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