Famille, amis, paysages, objets, documents, portraits, maisons, … les photos font partie intégrante de notre quotidien, surtout depuis l’avènement du numérique. Plus de frais de films à engager pour l’achat et pour le développement. Des photos à volonté et visibles en un clic. Une révolution phénoménale qui invite à une véritable débauche photographique.
Un excès qui a son revers, celui du manque de frugalité, ceux du tri et du rangement permanents. Devant l’ampleur de la tâche, il n’est pas rare que l’on ait envie de mettre la poussière sous le tapis ! La sélection de toutes nos photos, enregistrées depuis des années, finissent par devenir des fichiers aux volumes conséquents. Si conséquents qu’il faut songer à les exporter sur des disques durs externes entièrement dédiés à leur conservation, à condition en plus d’avoir « nettoyer » nos excès en amont !
Tout comme la bibliothèque idéale, il faut savoir constituer sa propre bibliothèque digitale. Le tri est donc une étape incontournable avant toute pérennisation.
1. « On efface ! »
Le choix de délaisser, de supprimer définitivement des visages amis, des événements familiaux chaleureux est un acte un peu douloureux. Il est vrai que si l’on réfléchit un peu trop, le doute s’installe et la situation devient quasi cornélienne. Dans ce cas-là, renoncez momentanément à cette démarche, vous n’êtes pas prêts.
Procédons par étape : commençons par le nettoyage des photos qui n’entrent pas dans le registre émotionnel. Il existe en effet plusieurs raisons objectives à supprimer des prises de vues…
La photo doublon
Elles encombrent la majorité des ordinateurs et souvent on ne sait même pas que ces doublons existent. Heureusement des logiciels gratuits ou payants font le job.
Côté free access, citons DupeGuru Pictures, un logiciel destiné aux prises de vues qui traitent les doublons, même modifiés, et en formats différents type JPG, PNG, TIFF, GIF et BMP. Awesome Duplicate Photo Finder, Visipics, Duplicate Media Finder, Panaustik qui existe en version française. Anti-Twin est disponible sur PC en version française également. Ces deux derniers ont les faveurs du public pour leur simplicité.
Du côté payant, Remo Duplicate Photos Remover, l’appli de chez Apple Store, simple d’utilisation et plutôt rapide. A noter également toujours chez Apple Smart cleaner et Super cleaner.
La prise de vue bancale, les ratages
Un mauvais cadrage, un selfie raté, des yeux fermés ou un pouce malencontreux sur une partie la photo (oui, oui, vous en avez dans votre catalogue…). Bref, tout ce qui ne ressemble pas à une photo mais plutôt à un déclenchement intempestif totalement incontrôlé et qui encombre inutilement. Toutes ces clichés doivent être éliminés sans état d’âme.
La photo-document
Appareil photo, tablette, smartphone, ordinateur, voilà une sacrée palette d’outils pour saisir de nos jours une simple image. Même si la qualité ou le nombre de pixels n’est pas forcément au rendez-vous, ces instruments se révèlent précieux dans bien des occasions.
Sortir sa tablette pour prendre une image d’un meuble afin de l’adresser à son compagnon pour un avis. Rendre compte d’un accrochage de son véhicule sur la route avec son téléphone afin de faciliter le constat… La photo est plus qu’une image, elle devient document, attestation, témoignage, pense-bête, information, post-it de vacances. Bref, elle rythme notre vie, la simplifie et évite bien souvent des explications écrites. Au fil du temps, ces bribes de conversations digitales qui n’ont eu d’intérêt que sur l’instant sont devenues rapidement obsolètes. Elles encombrent tous nos supports digitaux et viennent, là aussi, alourdir considérablement et inutilement nos mémoires digitales. Alors un grand nettoyage de printemps s’impose régulièrement.
Mode d’emploi du comment jeter
Quand il s’agit de rechercher une photo pour l’envoyer par mail, la partager ou simplement la revoir et que vous mettez plus de 10 mn à la retrouver c’est qu’il est temps d’envisager de plonger dans votre catalogue photos. Attention toutefois à ne pas faire cette démarche sous le coup de l’énervement. Sachez prendre votre temps et adopter les bonnes pratiques.
Etape par étape
Eliminer tout d’abord les images inutiles, citées plus haut, puis dans un deuxième temps procédez par étapes. Classez-les grossièrement dans des albums, vous reviendrez effectuer un vrai choix ultérieurement. Plusieurs options de catégories se présentent à vous : Voyages, famille, événements, amis, paysages ou plutôt natures mortes, portraits, … sans oublier la case « ovni », pour les prises de vues qui n’ont aucun lien de parenté avec le reste… !
Ensuite, imaginez quel sera le classement qui vous est le plus coutumier. Sera-t-il chronologique à l’image d’une time-line de votre vie ? Par événements marquants ? Ou par lieux d’habitations ? Nominatif pour les portraits ? Ordre alphabétique pour les voyages ? En choisissant des agencements qui vous sont familiers, vous serez ainsi toujours en terrain connu. Rappelez-vous, une bonne sélection est une sélection progressive.
Afin d’éviter le nettoyage annuel, il est également possible pour l’iPhone d’opter pour un tri instantané. La petite interface Odoa, gratuite, permet de sélectionner rapidement ses photos. Un balayage vers le haut de votre image l’envoie illico à la corbeille, un balayage vers le bas et votre photo est aussitôt stockée.
Slim attitude
Quelle que soit l’option choisie, la méthode « step by step » ou le nettoyage immédiat, il y a une petite gratification en bout de piste. La mémoire de votre ordinateur, de votre tablette ou de votre smartphone va s’alléger considérablement.
2. « On garde ! »
Dans la décision de conserver ses photos sont inconsciemment soupesés de nombreux critères que nous vous proposons d’explorer ensemble. Des méthodologies pour ranger ses photos peuvent être judicieusement appliquées. Des logiciels de gestion de photos peuvent également venir nous aider dans notre tâche.
Le choix du message
Les photos quand elles sont signifiantes, qu’elles révèlent un propos ou sont le témoin d’un élément majeur, elles sont majoritairement conservées. Quand elles sont d’ordre professionnelle, comme celles qui témoignent de la chute du Mur de Berlin ou de l’attentat du Pape Jean Paul II, par exemple, la lecture cartésienne de l’image prime sur son esthétique ou sur sa qualité. L’information qu’elle propose devient le seul élément sélectif. Elle atteste de la véracité de l’actualité, elle devient élément de preuve.
Pour les amateurs éclairés, elle est peut-être source d’information et même la seule existante : un baptême où l’on garde ainsi la trace du petit âge d’un enfant, un éclat de joie à la vue des résultats d’un examen, plus simplement une photo de classe qui permet de graver ses souvenirs et qui procure un plaisir fou en la retrouvant régulièrement. Toutes ces images sauvegardées peuvent même contenir des détails qui se révèleront encore plus précieux au fil des années dans le destin d’une famille ou plus largement d’une société.
Le choix de l'émotion
C’est sans doute la sélection la moins évidente à réaliser car si l’auteur est impliqué dans le sujet photographié il lui sera difficile de choisir en toute partialité. Cela nous concerne tous, amateurs et professionnels. L’album de photos personnelles (familles, amis, éléments fondateurs…), est certainement le plus délicat à élaborer. Une sélection moins rigoureuse où la qualité passe en second plan et où les photos semblables sont sans doute les plus nombreuses. Trier demande aussi une petite introspection pour éviter les regrets. Et le meilleur des logiciels ne peut lutter à armes égales avec l’émotion que génère vos images.
Rangement idéal : Et si on copiait Marie Kondo ?
La sélection photographique, on vient de le voir, est plus complexe qu’il n’y parait. Et si on transposait la méthode de rangement de Marie Kondo pour cette bibliothèque virtuelle, celle où l’on a amassé des années de vie ? Que dit cette « as » du rangement?
Si l’on devait transposer son concept, il serait le suivant : se poser tout d’abord la question de savoir si cette photo nous procure de la joie ? En étudiant attentivement l’image, suscite-t-elle chez nous des émotions ? Oui, on la garde en l’annotant précieusement à l’aide de Keywords et en identifiant les protagonistes qui y sont « capturés ».
Non, alors on se remémore le moment représenté qui avait suffisamment retenu notre attention pour qu’on l’immortalise et on s’en défait. L’idée force est de traiter l’image (et donc l’instant représenté) avec « dignité » avant d’en effacer la matérialité.
Les as du tri
Ces logiciels qui facilitent cette démarche, qu’ils soient gratuits ou payants, sont une aide inestimable pour le temps de gagner, la qualité du rangement présenté et proposent bien souvent d’autres options. Citons pour conclure Lightroom au tri vraiment pro qui répartit les bonnes images d’un côté et le second choix de l’autre. Xnview pour Mac et PC, une app gratuite qui répertorie très facilement plus de 500 formats d’images distincts. Et dans ce même registre hyper performant où l’intelligence artificielle s’est invitée à la table, Peakto édité chez CYME, qui va bientôt arriver sur le marché. Pour ceux qui sont dans les starting-blocks et désirent être informés de sa prochaine sortie, voici le lien pour vous inscrire.
3. L’avis d’un photographe professionnel de nature morte
Jacques Giaume, photographe de nature morte, à Paris, fait des choix en permanence.
« Le travail de commande en nature morte est très spécifique car on construit véritablement la photographie. On part d’un fond de studio neutre puis il faut concevoir l’écrin de l’objet à photographier. Généralement, je sais exactement ce que je souhaite comme lumière, texture, disposition, et lorsque tous ces éléments sont réunis et que la série de photos est réussie mon travail est alors terminé. Une photo esthétique est une photo bien construite graphiquement qui possède un bel équilibre et une jolie lumière.»
«Dans chaque série, je vois immédiatement l’image que je vais garder et qui va convenir au client. En revanche, je conserve en totalité l’ensemble des séries de certains de mes clients. Il m’arrive parfois de ressortir ces travaux de commande, trois mois plus tard, et de découvrir des images, autres que celles qui convenaient au client, et qui se révèlent également très intéressantes. Je les publie alors sur mon compte Instagram.»
«J’aime aussi piocher au hasard dans mes 6 disques durs de sauvegarde car j’y fais fréquemment de belles découvertes. En fait, je pense qu’il faut laisser au temps le temps de faire son oeuvre. Tout comme un artiste que l’on découvre lors d’une exposition, il faut parfois pour apprécier son travail, prendre un peu de distance puis revenir vers lui. Pour les photographies je pense avoir ce même type de rapport. »
Côté photos de famille ?
« Les photos personnelles, je les garde toutes. J’aime les travailler différemment souvent quelques mois plus tard et lorsque le résultat me convient, je fais alors un tirage mais il peut se passer une année ou deux avant de le réaliser ! D’ailleurs, il y a même des images dans mes disques durs aujourd’hui que je n’ai pas regardées et sur lesquelles je n’ai pas encore travaillées. »
Travail photographique personnel ?
« J’ai récemment réalisé un travail en noir et blanc sur la région des Pouilles en Italie. Par principe, je conserve la totalité des prises de vues… Généralement, quand on fait des photos on les garde. Même si avec l’argentique on choisissait les photos à tirer à partir de la planche contact, il ne faut pas oublier que tous les autres négatifs étaient gardés. En réalité, je m’aperçois que je jette très peu. En fait, je me sépare plus facilement des photos de commandes que de mes photos personnelles. »
Et vous ? Quel type de système de classement allez-vous choisir?
Crédit Photos: Ameen Almayuf, Dusan Jovic, Jacques Giaume, Deniz Altindas, Marie Kondo, Nathan Dumlao et France Info