Photos argentiques, avancée du numérique ou obsolescence programmée, quel impact la photographie a sur l’environnement ? Pour tous ceux qui, comme nous, se demandent quelle empreinte une photo peut avoir sur l’environnement, voici un article sur l’histoire de l’impact environnemental de nos photos.
Argentique, objet polluant mais innovant
1839 marque le début des premiers appareils photos argentiques. Ils portent déjà un nom emprunté au vocabulaire de la chimie, faisant référence aux minuscules agrégats d’argent qui constituent les images produites selon ce procédé. Nous nous interrogerons alors sur ses composants et leur impact environnemental.
Bien qu’ils soient durables et réutilisables, les appareils photos argentiques, sont composés de nombreux matériaux polluants.
Mais lesquels de ces composants polluent le plus ?
Le polluant numéro un, est le composant vital : le film argentique. Pour recevoir les couleurs et le noir et blanc, le film argentique se compose de matériaux très polluants : le plastique (triacetate de cellulose) et l’halogénure d’argent (sur base de Chlore ou de bromure, bromure souvent employé). Ces éléments essentiels sont des produits très mauvais pour la planète et l’environnement.
Le deuxième gros polluant est bien sûr la chimie permettant de développer les films. Celle-ci induit alors l’utilisation de révélateur (hydroquinone) et de fixateur (thiosulfate de sodium) chimiques. Ces produits provoquent alors des déchets toxiques pour la nature, et finissent dans les eaux usées et dans l’environnement.
Démocratisation des photos imprimées
Saviez-vous qu’avant les films argentiques, les photographies étaient impressionnées sur des supports en verre fin ? Ces deux procédés peu pratiques et longs à développer ont alors été remplacés par des pellicules Plan film et Roll film en 1925. Quelques années plus tard, en 1935, la couleur fait son apparition et se répand à grande échelle dans les années 50.
Avec l’avancée des appareils destinés au grand public, en 1948, Edwin H. Landn, décide de concevoir un procédé permettant d’imprimer ses photos instantanément. Les images sont développées sur des films polarisants spéciaux, qui étaient basés sur un film polymère étiré avec de l’iode diffuse. Nommé Polaroïd, ce concept marque le début de la démocratisation de la photo grand public et l’impression de masse.
Sur le front des appareils photos grand public, les années 80, font naître des appareils photos jetables ou “prêt-à-photographier”. Leurs pellicules se devaient d’être souples et résistantes à la fois, avec un faible coefficient d’élongation, une bonne résistance au vieillissement et une parfaite compatibilité avec l’émulsion. Mais là encore, pour pouvoir répondre à ces exigences techniques, les pellicules étaient conçues avec des produits chimiques et polluants. Tout comme pour les impressions argentiques, on retrouve du triacétate de cellulose ou du polyester dans la liste des ingrédients…
Les procédés de ces années fastes pour la photographie ont donc un impact sur l’environnement. La masse de papier utilisée est très importante, avec la facilité d’impression on imprime même les photos ratées et le papier utilisé est traité avec des produits chimiques. De plus, les boîtiers en plastiques composés de nombreux matériaux dangereux ne sont pas recyclables. A cette époque, l’idée de l’écologie était bien loin de celle d’aujourd’hui.
La grande illusion du numérique “plus écologique”
Avec l’arrivée des Cloud, au début des années 2000, l’achat d’appareils photos numériques est monté en flèche. Pensant que ce Cloud était un nuage immatériel et que nos photos étaient dématérialisées, le stockage de photos a incroyablement augmenté. Cependant, la réalité est tout autre.
Photographie et matériaux nuisibles
Beaucoup de ressources naturelles et de matériaux lourds sont utilisés pour fabriquer nos appareils photos. Les puces électroniques faisant de puissants appareils, sont fabriquées à base d’Arsenic. Or, platine, cuivre, aluminium se retrouvent aussi dans nos appareils, tandis que lithium-ion et nickel-cadmium font marcher les batteries. Ces substances sont loin d’être recyclables et leurs extractions mettent en danger la planète.
Le problème de l’obsolescence programmée est aussi un point négatif, selon certains chiffres, un appareil photo reflex aurait une durée de vie de 5 ans.
Stockage
Le stockage d’images est également un problème. Stocker des milliers de photos sur un cloud en ligne, sur des disques durs ou cartes mémoires fait grandir l’empreinte carbone d’une entreprise ou d’un particulier. La production massive de matériel de mémoires ou la consommation d’électricité pour les centres de données engendre un gros impact écologique. D’après l’étude de Veritas, environ 6,4 millions de tonnes de dioxyde de carbone seraient rejetées inutilement dans l’atmosphère en 2020 à cause de données inutilisées ou oubliées (photos et vidéos). Cela reviendrait à faire 575 000 fois le tour du monde en voiture.
Retour à l’impression
Après le pic des photos numériques, on voit revenir des tendances de retour à l’impression avec un accès facilité par la commande via le web. Ces impressions se font sur papier mais aussi sur tout type de supports et objets. CEWE, en place sur le marché bien avant l’ère du numérique installe sa première borne d’impression en 1997. Au fil du temps la marque développe son marché sur le web et en 2019 elle atteint son 60 millionième livre photo.
Quelques conseils pour devenir un photographe “éco-responsable”
C’est difficile de dire laquelle de deux méthodes photographiques entre l’argentique ou la numérique pollue le plus, Au delà du débat de savoir qui de l’argentique ou du numérique pollue le plus il convient de chercher chacune ayant ses défauts et cherchant des axes d’amélioration.
Du côté du photographe professionnel ou amateur, les leviers d’action passent par la prise de conscience de l’impact environnemental que nous avons lorsque nous investissons dans un appareil et lorsque nous prenons des photos (quelques fois en très grand nombre). Essayer de réduire cet impact en changeant le moins possible d’appareil, en favorisant les procédés plus respectueux comme utiliser des produits moins chimiques pour le développement, en prenant moins de photos et en faisant l’effort de supprimer celles qui n’ont pas d’intérêt… sont quelques pistes d’action.
Chez Cyme, nous voulons réfléchir aux moyens de combiner photographie et écologie.
Et vous quelles sont vos pistes d’améliorations ?
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Crédit photos: Reno Laithienne, Toa Heftiba, Ian Dooley, Ivan Bandura et Jon Tyson.