Depuis plus de trente ans, Jan Armor est un photographe et un formateur qui partage avec passion le monde tel qu’il le voit. Dans sa série « The Invisibles », il capture les portraits de personnes dans le besoin qui fréquentent l’église méthodiste unie de Mathewson Street à Providence (USA) où sont distribués des repas, des vêtements et, grâce à lui, des photos. Surnommé Photoman, Jan Armor photographie ceux qui le souhaitent.
Là où les images de sans-abris représentent souvent des individus dans des situations désespérées et déshumanisantes, Jan Armor se distingue par son approche compatissante. À travers ses portraits, il cherche non seulement à documenter la vie des sans-abri, mais aussi à restaurer leur dignité et leur humanité aux yeux du spectateur. Aujourd’hui, nous nous intéressons à son point de vue, à ses motivations, à ses techniques et à l’impact de son travail.
Un pasteur d’une église locale m’a demandé de photographier son groupe de jeunes bénévoles lors de leur « concours de cuisson de pommes de terre à la maison », qui avait lieu les samedis après-midi. Elle a mentionné que ces pommes de terre faisaient partie du petit déjeuner servi dans une soupe populaire à Providence, RI. Elle a mentionné que l’effort était appelé « Le Petit Déjeuner de l’Amitié du Dimanche ». J’étais curieux et séduit par le nom. J’ai appelé l’église où le petit déjeuner était servi et demandé si je pouvais venir, peut-être prendre quelques photos pour la publicité. C’était il y a environ dix ans et des milliers de photographies auparavant.
Mes sujets m’ont principalement choisi. Durant les premières visites du dimanche, j’ai pris des photos des travailleurs occupés qui préparaient les petits déjeuners. Ces bénévoles venaient de tous horizons… des hommes et femmes d’affaires aux enseignants, des médecins aux personnes sans abri vivant dans la rue. Lors de visites ultérieures, je me suis assis avec les gens pendant qu’ils mangeaient leur repas et discutais avec eux. Certains venaient pour ce repas tous les dimanches depuis des années. J’ai rapidement réalisé que, au-delà du petit déjeuner copieux, beaucoup d’hommes et de femmes aspiraient à parler à quelqu’un, à quelqu’un qui les écoute. Alors, j’ai écouté.
Au fil des semaines, beaucoup de ces personnes sont devenues des amis. Ils partageaient souvent leurs hauts et leurs bas avec moi. Certains m’ont demandé si je pouvais prendre leur photo. Ils voulaient envoyer une photo chez eux, à leur famille ou à leurs amis. J’étais heureux de le faire. Je revenais la semaine suivante avec des tirages pour eux. Cela a été bien accueilli et est rapidement devenu une routine populaire. On me connaissait sous le nom de “Photoman” au lieu de Jan. J’entendais souvent : “Hé, Photoman, peux-tu prendre ma photo s’il te plaît. Je veux la donner à ma maman ?” Je n’ai jamais refusé.
Vos portraits transmettent un sentiment d'affection pour la personne photographiée. Quel message cherchiez-vous à transmettre au public ?
J’ai vu de nombreux portraits de personnes sans abri souvent présentées comme désespérées, sales, voire dangereuses. Souvent, le photographe a recadré la photo très serré et augmenté le contraste pour un effet dramatique. Je préfère créer un portrait que mon sujet aimerait conserver, peut-être offrir en cadeau. J’essaie de transmettre l’humanité de mon sujet. Que ce sont de vraies personnes, tout comme vous et moi.
“J’essaie de transmettre l’humanité de mon sujet. Que ce sont de vraies personnes, tout comme vous et moi.”
Comment pensez-vous que ces portraits pourraient impacter les individus que vous photographiez ?
Je pense que beaucoup de ces personnes se sentent invisibles pour le monde. Si souvent, nous ne les voyons même pas. Nous les enjambons ou nous les évitons dans la rue. Quand je fais un portrait, nous parlons généralement un peu d’abord. J’offre une poignée de main et un sourire. J’essaie de me connecter, pour aussi bref que soit la rencontre. J’essaie de rendre mes sujets réels. Cette simple expérience de photographie donne à mes sujets une certaine estime de soi. “Hé, je ne suis plus invisible.”
Toutes vos photos sont accompagnées d'une brève légende sur la personne photographiée. Que vous a personnellement appris ce travail avec les sans-abri à l'église méthodiste unie de Mathewson Street ?
Je me suis rendu compte que, sans un certain caprice du destin, j’aurais pu être à leur place. Un incendie, une inondation, la perte d’un emploi, une maladie, une blessure ou une maladie mentale, ou pour tant d’autres raisons, une personne peut trébucher et tomber.
Vous aimez l'interview de Jan ?
Comment êtes-vous devenu photographe ?
Comme tant d’autres photographes, quand j’étais enfant, j’étais fasciné par l’image magique qui apparaissait lentement dans mon bac de Dektol alors que je me tenais dans la lueur de ma lumière de sécurité jaune. J’ai su à ce moment-là que je voulais faire ça.
Qu'est-ce qui vous plaît dans l'enseignement de la photographie ?
J’aime partager les joies de cet art avec les autres. Et j’apprends toujours plus que mes étudiants dans chaque classe que j’enseigne.
Quel type d'équipement utilisez-vous le plus souvent pour vos prises de vue ?
J’ai utilisé de nombreux appareils photo au cours de ma carrière, des appareils photo à chambre 8×10 à l’iPhone. Pour la plupart de ces images, mon appareil de choix est mon petit appareil photo sans miroir Panasonic Lumix. Il est très rapide, non menaçant et complètement silencieux.
Vous enseignez des cours de photographie sur iPhone. Qu'est-ce qui vous plaît dans la photographie iPhone ?
Tout le monde en a un dans sa poche ou son sac à main. C’est facile. C’est spontané. Et ça fait de superbes photos. De plus, il y a bien plus dans ce petit appareil que ce qu’on peut voir à première vue.
“Pour la plupart de ces images, mon appareil de choix est mon petit appareil photo sans miroir Panasonic Lumix. Il est très rapide, non menaçant et complètement silencieux.”
Traitez-vous beaucoup vos photos en post-production ?
J’utilise Photoshop, Lightroom Classic, Snapseed et Procreate, passant souvent de l’un à l’autre de ces applications.
Avez-vous un workflow spécifique pour importer, organiser et sauvegarder vos photos ? Utilisez-vous des logiciels ou outils spécifiques pour la gestion de vos photos ?
J’importe et je classe mes photos avec des mots-clés dans Lightroom Classic et/ou l’application Photos d’Apple. Elles sont stockées et sauvegardées sur de nombreux volumes. L’application Peakto a été très utile. J’ai redécouvert des images enterrées à de nombreux endroits sur de nombreux disques durs grâce à Peakto.
Cette interview vous inspire ?
Quel conseil donneriez-vous à un jeune photographe ?
Développez votre vision. Étudiez le travail de bons photographes, vivants et morts. En même temps, apprenez l’art de la photographie.
Prolongez ce moment avec Jan Armor en le suivant sur son site, sur LinkedIn ou sur Instagram.
Crédit photo : © Jan Armor
