Comment commence-t-on à pratiquer la photographie d'escalade ?
Salut Thibaut, peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ? Parle-nous de ton univers photographique ?
Mon univers a démarré il y a 15 ans en arpentant les montagnes. La photo de paysage a été une base solide dans l’évolution de ma pratique. Aujourd’hui je m’en sers pour raconter des histoires, qu’elles soient sportives ou plus orientées vers le reportage documentaire.
Peux-tu nous dire d'où vient ta passion pour la photographie ? Qu'est-ce qui t'a décidé à approfondir la pratique de la photographie et qu'est-ce qui te pousse à continuer ?
Ma passion de la photographie est venue avec la pratique de la montagne et l’escalade. J’avais envie de partager ce que je voyais et qui était parfois pas si accessible pour la majeure partie des gens. J’ai toujours eu (et j’ai toujours) un regard critique sur mon travail, voir celui des autres m’enrichit continuellement. La vision des choses évolue et la façon de les traiter également. Heureusement sinon j’aurais arrêté la photo depuis longtemps.
« J’ai toujours eu un regard critique sur mon travail, voir celui des autres m’enrichit continuellement. »
Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans la photographie de paysage et d’escalade ?
C’est pour moi une façon de partager ce que je vis mais avant toute chose c’est simplement être dans le moment présent, le jeu d’être là au bon moment et au bon endroit pour avoir la bonne lumière. C’est aussi se laisser surprendre par des lumières et actions inattendues.
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Où trouves-tu ton inspiration ? Le sport paraît jouer un rôle central dans ta production...
J’essaye toujours d’imaginer des photos dans mon esprit avant de les réaliser. Parfois ça prend des années. Dans mes photos d’escalade, j’aspire à combiner la beauté du lieu, la précision d’un geste du grimpeur et la lumière parfaite qui vient ajouter la touche finale. Je trouve mon inspiration aussi en tant que grimpeur lorsque je visite des lieux nouveaux.
« J’essaye toujours d’imaginer des photos dans mon esprit avant de les réaliser. »
Capturer la résilience de la nature à travers la photographie d'escalade
Les sujets liés à l'écologie et au développement durable ont-ils été des sujets moteurs ou inspirants dans ta production photographique ?
Oui évidemment, je ne peux être que touché par l’environnement puisque j’y baigne continuellement lors de mes projets photos. Aujourd’hui je tends à traiter des sujets au long cours (documentaires). J’ai passé l’année dernière à me rendre dans la vallée de la roya, près de Nice, pour y traiter le sujet de la reconstruction de la vallée suite à la tempête Alex qui a tout dévasté.
Qui sont vos photographes de référence ?
Que souhaitez-vous transmettre à travers les photos que vous partagez ?
« La lumière parvient à rendre le moment pris en photo encore plus puissant qu’il ne l’est déjà. »
Les Rencontres de Thibaut Marot : Histoires d'un photographe d'escalade
Dans ta vie de photographe, as-tu une histoire à raconter ou une anecdote que tu aimerais partager avec nous ?
Il y en a des tas mais je dirais simplement que quand l’on s’intéresse à des gens et à leur vie ça vous ouvre des portes incroyables. Lors de reportages photos on se retrouve alors souvent dans des situations inattendues ou des invitations de personnes qu’on ne connaît finalement que très peu. La photo c’est aussi vivre des moments opportuns, des moments qui s’offrent à nous.
« La photo c’est aussi vivre des moments opportuns, des moments qui s’offrent à nous »
Si tu devais choisir ton instant le plus significatif, lequel serait-il et pourquoi ?
Je dirai que c’est une photo faite avec Katherine Choong. D’une part parce que cette photo était totalement inattendue et d’autre part parce qu’elle représente parfaitement ma vision de la photo d’escalade: une belle lumière et une harmonie du grimpeur avec le paysage environnant. Sur cette image, la courbe de l’arbre et la position du corps de la grimpeuse dans le dévers sont en parfaite harmonie.
Cette interview vous inspire ?
Tu as été photographe de plusieurs grimpeurs de renom. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton rôle spécifique en tant que photographe dans ces aventures de grimpeurs?
Oui j’ai eu la chance de rencontrer et photographier des athlètes de haut niveau, qui sont par ailleurs très humbles et accessibles. Pour la petite histoire, je les ai simplement contacté par message et ils ont accepté que je vienne les rencontrer directement sur site. Évidemment il n’y a pas seulement des pointures de haut niveau dans l’escalade et parfois je contacte plutôt des grimpeurs de falaises locales pour éviter aussi de trop me déplacer. Les grimpeurs locaux sont aussi et surtout l’essence même de l’escalade. Ce sont eux qui équipent, entretiennent les falaises locales. C’est une forme de respect aussi pour moi de les mettre en avant, souvent ils sont dans l’ombre alors que sans eux et l’équipement des falaises, nous ne pourrions pas pratiquer ce sport.
Pour en revenir aux athlètes de haut niveau, j’essaye particulièrement d’anticiper au maximum les prises de vues et de déranger le moins possible les grimpeurs. Quand ils travaillent , je peux me rapprocher assez prêt avec la corde statique mais lorsqu’ils ne sont pas loin de l’enchaînement, je ne peux pas me permettre de leur demander de me laisser du temps pour cadrer ou remonter sur la corde. C’est à moi d’anticiper et d’aller vite.
La plupart du temps je reste quelques jours avec eux, ce qui me laisse le temps de voir comment évolue la lumière en journée et de rectifier le tir en réajustant la corde et ma position si besoin. En tout cas c’est gratifiant pour moi de photographier du haut niveau, les voies sont souvent très impressionnantes! Je tiens à préciser qu’une belle photo d’escalade peut très bien se faire dans une voie facile…!
L’opportunité de photographier du haut niveau est aussi une opportunité professionnelle. Elle me permet parfois de vendre des images à la pression spécialisée.
Les clés pour maîtriser la photographie d'escalade avec Thibaut Marot
Quels conseils donnerais-tu à un jeune photographe ?
Je conseillerai avant tout de ne rien abandonner même s’il faut parfois des années pour faire son trou. J’ai souvent moi même des doutes. C’est ce qui est d’ailleurs intéressant. Ça permet d’évoluer et de toujours chercher à se perfectionner. S’enrichir et partager avec les autres membres de sa communauté reste la clé pour grandir.
Enfin, quels sont vos projets ou objectifs futurs ?
En ce moment je travaille autour de chez moi, avec le Covid, j’essaie de rebondir et de me concentrer sur les falaises locales. Je travaille sur plusieurs articles, un sur l’escalade sur le sommet du Canigou et l’autre sur les falaises de l’Esterel (dans le Var). Je travaille aussi avec Montagnes Magazine sur un article qui concerne la vallée de la Roya.
CYME, une entreprise initiée par des photographes, se focalise sur l’optimisation des workflows et la gestion des contenus visuels. À travers ses interviews, CYME souhaite mettre en lumière les parcours individuels et artistiques, promouvoir divers thèmes photographiques, et construire une communauté unie et consciente des enjeux contemporains en photographie.
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Crédit photo : © Thibaut Marot
